Land 109 Serie III diesel

Un vieux coucou Suisse

Pour notre client Suisse du jour, habitué des mécaniques qui tournent comme les horloges locales, il a fallu des années avant de succomber aux charmes intemporels des Land. Il est vrai que lorsque l’on prend enfin le temps de vivre et que l’on réalise avec quelle joie les copains assument et s’amusent des qualités et défauts des vieux cubes d’aluminium, on a tout compris de la philosophie Land. C’est ainsi qu’un beau matin on s’entiche d’un Serie III. On s’était pourtant juré de ne jamais rouler dans ces maudites Anglaises.  

Pourquoi tant de méfiance ? Il faut dire que lorsque l’on a connu la grande période des débuts de l’électronique embarquée à bord des productions de Solihull, il y avait bien de quoi attraper des boutons. Mais, lorsque l’on ne retourne dans son atelier que pour s’occuper de son nouveau compagnon de loisirs à lames de ressorts; Un Serie III de 1976. Ce n’est plus que du bonheur !

Ça sentait le sapin

Stocké sous un sapin depuis près de 10 ans ce Serie III. Il n’avait pas encore pris racine, mais il était couvert de cette traditionnelle mousse verte qui semble trouver un terrain propice à son expansion sur l’aluminium autant que sur les joints de fenêtres des Series.

Malgré l’état peu engageant de ce collector en herbe (mousse pardon), son propriétaire, un ex-ramoneur à la retraite, fut très attentif. En effet, il ne voulait pas vendre son compagnon de travail à n’importe qui, d’autant qu’ils avaient fait l’Afrique ensemble il y a 25 ans.

Après une inspection méticuleuse, le point est fait sur la remise en état à effectuer. Alors qu’une fois nettoyée l’état de la carrosserie imposera un passage en peinture, la mécanique semble encore saine.

Le moteur nécessite une sérieuse révision incluant bougie de préchauffage neuves, et pompe d’alimentation re-calibrée. Le châssis étonnement sain, c’est du côté des freins qu’il y a du travail. L’humidité et le temps ont fait des ravages, tout est bloqué au niveau des tambours et le circuit inutilisé durant 10 ans est bon pour la casse.

Quelques semaines après son achat, le Serie III effectue sa première remise en jambe. Pneus et amortisseurs neufs assurent un confort tendance Serie III, tout fonctionne. On profite du démontage du toit et des flancs, nécessaire au passage en peinture, pour faire effectuer une opération re-galvanisation du côté de la ceinture de caisse et des angles d’ailes arrière. Trois jours après, le mécano inverse s’effectue sur ce Land gris qui semble comme neuf.

Comme une montre Suisse…Diesel

Depuis cette remise en état, en 3 ans, ce Serie III a parcouru plus de 40 000 km. Participant à de nombreux rassemblement Land, il ira même en pèlerinage lors d’un sacré détour à l’usine de Solihull en Angleterre. Lieu de naissance de tous les Land Rover....

C’est à l’occasion de l’une de ces grandes messes hexagonales dédiées à la passion pour ces vieilles gloires de légende, qu’on nous a confié ce fidèle destrier. Pour nous rien de vraiment nouveaux depuis 1985 (fin des Series). Un Serie III, comme tous ses aînés, nécessite de la poigne en Off road.

Mais, sans direction assistée, lorsque l’on connaît le maniement des leviers au plancher, c’est toujours un bonheur de s’offrir une balade avec ce collector. Pour peu que l’on n’ait pas oublié d’enclencher les moyeux débrayables avant, le voyage dans le temps s’effectue à l’allure de l’époque… Version diesel. Loin d’être réducteur, il faut avouer que le bloc 4 cylindres mazout 2,25L manquait cruellement de chevaux vapeur.

Si la différence avec la version essence ne se jouait qu’à 15ch, ils manquaient à l’appel sur les châssis en 109 plus lourd que les 88. Mais comme le veut la coutume, l’homme s’adapte au Land et pas le contraire. Aussi, c’est sur le couple et une boîte 4 rapports enfin synchronisée qu’il faut compter lorsqu’il faut franchir l’obstacle.

Avec ses 14,2 m/kg à 1 800 tr/mn, notre 109 qui tourne comme une montre Suisse, s’en tire admirablement pour peu que l’on ait bien intégré le débattement limité par les lames de ressort.

Notre bon vieux dinosaure s’en tire toujours bien. Mais, comment imaginer que Land Rover lança son Serie III en 1971, alors qu’il venait de présenter le moderne Range Rover un an plus tôt ?

Ce constat un peu insensé fait partie de l’histoire de la marque qui n’est ponctuée, commercialement parlant, que hauts et de bas. Mais que notre amis Suisse se rassure, il est loin d’avoir choisi le mauvais cheval. Le Serie III fut l’un des modèles les plus vendus par la marque à travers le monde ; 800 000 furent construits entre 1971 et 1985.

Et sans électronique embarqué !